Violences sexuelles entre enfants

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Du jeu à l’abus, la limite est parfois très fine…

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Au cours de son développement, il est tout à fait normal qu’un·e enfant passe par une période de découverte de son corps et celui des autres. Cette période peut d’ailleurs arriver tôt. En effet, c’est entre 2 et 5 ans que les enfants traversent la période la plus sexuellement active, avant l’adolescence. Elle se constitue de jeux d’exploration, comme avec de l’autostimulation. Mais certains actes peuvent aussi mêler d’autres enfants, comme l’exhibitionnisme, le voyeurisme, ou des attouchements. Si ces comportements restent souvent dans le cadre d’un développement psychosexuel normal, il peut toutefois arriver que certains aillent plus loin. Il s’agit d’un cas particulier de délinquance sexuelle sur enfants qu’il est capital de traiter.

Jeu ou abus ?

Pas d’affolement, certains comportements sexuels des enfants prépubères sont tout à fait normaux ! Mais pour pouvoir reconnaître les situations où un·e enfant a été abusé·e ou pourrait potentiellement en abuser d’autres, il convient de mieux différencier les comportements qualifiés de « normaux » et « anormaux »/« problématiques ». Bien sûr, chaque situation est différente, car chaque enfant est différent·e. Il faut donc toujours procéder au cas par cas. N’hésitez pas à faire appel à une aide extérieure en cas de doute. Les critères et exemples donnés ci-dessous constituent toutefois des listes, non-exhaustives, de ces types de comportements. Elles pourraient vous aider à mieux comprendre la situation que vous êtes en train de vivre avec votre enfant. 

De manière générale, les comportements « normaux » :

  • Ne sont pas vécus comme abusifs, et ne causent donc pas de conséquences négatives à court et long terme. Il s’agit de l’un des critères principaux. Bien sûr, l’enfant peut être embarrassé·e que son comportement ait été découvert, mais elle ou il ne devrait pas ressentir de colère, de honte, de crainte, de culpabilité ou d’anxiété.
  • Peuvent être pratiqués aussi bien seul·e qu’avec d’autres enfants. Dans ce second cas, il s’agit toujours d’enfants de leur entourage : ami·e·s d’école ou de loisirs extra-scolaires, autres enfants de la famille, etc.
  • Sont limités en type et en fréquence : Il s’agit de jeux n’allant pas plus loin que de l’observation et des attouchements, sur une courte période.
  • Sont tenus entre enfants de même âge, ou de développement similaire.
  • Ont lieu avec le consentement réciproque de tou·te·s les participant·e·s.
  • Peuvent représenter par exemple : une absence de pudeur, l’emploi d’un langage grossier (sans pour autant le comprendre), l’exhibitionnisme et le voyeurisme, une absence de gêne à toucher ses parties intimes (parfois en public, et parfois en en retirant du plaisir), une curiosité pour les corps de sexe opposé, des simulations de rapports sexuels entre des poupées, etc.

Pratiqué seul·e, un comportement est problématique si :

  • Il se produit de manière excessive ou compulsive, ou en public après que l’enfant ait pourtant été averti·e que cela ne devait pas se faire en public.
  • Il implique l’utilisation d’objets (par exemple une poupée) sur lesquels l’enfant se livre à des gestes sexuels qui démontrent une connaissance sexuelle trop avancée pour son âge.
  • Il traduit une préoccupation excessive pour la sexualité.
  • Il interfère avec le bon développement de l’enfant.

Avec d’autres enfants, un comportement est problématique si :

  • Il ne s’inscrit pas dans un contexte de jeu et de découverte, par curiosité.
  • Il implique des enfants d’âge ou de développement différent, avec un statut différent (par exemple enfant gardien/enfant gardé), ou encore avec un enfant inconnu.
  • Il se produit de manière fréquente et progressive.
  • Il implique des connaissances sexuelles trop avancées pour leur âge/développement.
  • Il s’agit de comportements sexuels adultes, c’est-à-dire génital-génital ou oral-génital.
  • Il est dirigé vers des adultes ou des animaux.
  • Il persiste après que l’enfant ait été sommé·e de les cesser.
  • Il est accompagné de coercition, violence et/ou menaces.
  • Il est associé à des sentiments de peur, de honte ou de culpabilité.
  • Il est cause d’inconfort ou de douleur, pour n’importe le·laquelle des participant·e·s.

Ne pas paniquer, mais ne pas minimiser non plus…

Il est très difficile de tracer la limite entre le jeu et l’abus. Cela est surtout dû au fait que les enfants elles-mêmes et eux-mêmes ne sont généralement pas en mesure de comprendre ce qui leur arrive, et sont encore moins en mesure de dire s’il s’agit d’un abus ou non. De plus, beaucoup d’abus entre enfants commencent tout d’abord par un jeu.

Quoi qu’il en soit, si un·e enfant a été exposé à un comportement qu’elle ou il a perçu négativement, qui l’a mis·e mal à l’aise et qui a eu des conséquences négatives pour elle ou lui (honte, nervosité, culpabilité), alors il s’agit d’un comportement problématique. Peu importe le type de gestes mis en cause, la façon dont l’enfant les a perçus doit primer.

Il est important ensuite de ne pas minimiser ce que vous rapporte l’enfant. En effet, il faut prendre ses dires au sérieux, et prendre au plus vite les dispositions qui s’imposent.

Comment réagir ?

Si vous remarquez de tels comportements chez votre enfant, il convient d’agir.

  • Cela peut paraître évident, mais la première chose à faire, la plus importante, est de s’inquiéter de son bien-être. Si vous lisez ceci c’est que c’est déjà le cas et c’est une bonne chose ! Essayez tout d’abord de communiquer avec votre enfant, de savoir pourquoi elle ou il se comporte comme cela. Posez des questions ouvertes et laissez-le·a s’exprimer librement. Il est d’abord de votre responsabilité de prendre en charge la situation et d’identifier l’origine du problème.
  • Vous pouvez ensuite vous adresser à des organismes comme ESPAS, qui est un organe de prévention des abus sexuels. Cette structure pourra répondre à vos questions et vous orienter vers des professionnel·le·s de santé (médecins, pédiatres, psychiatres, etc.).
  • La DGEJ (Direction générale de l’enfance et de la jeunesse) peut également être contactée. Elle se charge de faire une évaluation de la situation et d’imposer des mesures civiles si besoin, et un suivi psychologique.
  • Bien sûr, la police est là pour vous aider ! Sachez toutefois qu’en-dessous de 10 ans, les enfants ne sont pas responsables pénalement. Ainsi, la police pourra vous orienter mais ne pourra pas poursuivre un·e enfant qui a été « auteur·e » de ce genre d’actes. En revanche, si l’enfant en question a plus de 10 ans, ou s’il existe des raisons suffisantes de penser que l’enfant « auteur·e » a été violenté·e ou exposé·e à des violences, et a besoin de protection, alors le Tribunal des Mineurs (TM) sera averti et une enquête sera ouverte. Il est important de préciser que le TM a pour mission principale l’éducation (ou rééducation) des jeunes, plutôt que la punition. Cela est en effet plus bénéfique pour les jeunes, qui sont encore en pleine construction. Il est donc rare qu’une peine privative de liberté leur soit imposée.

Comment préserver les enfants de ces abus ?

Les meilleurs moyens de prévenir ces abus restent l’éducation et le dialogue. Une éducation sexuelle continue, et s’adaptant à l’âge et au développement de l’enfant est importante. Les écoles doivent par ailleurs partager cette responsabilité avec les parents. Cela permet d’éviter des (nouveaux) abus, de libérer la parole, et aussi d’éviter que des enfants ne deviennent auteur·e·s. Il est nécessaire que chaque enfant sache ce qui est normal et ce qui n’est pas permis. Elles et ils doivent savoir qu’on ne peut pas les toucher sans leur accord, ou en faisant preuve de force ou de menaces. Leur apprendre qu’elles et ils ont le droit de dire « non » est important, dès le plus jeune âge.

Ces abus s’inscrivent dans un contexte de violence généralisée. Il est donc capital que les écoles et les parents partagent la responsabilité de sensibiliser les enfants à ces sujets. Les écoles doivent adopter une attitude de refus de la violence, et encourager activement la non-violence.

En plus de cela, il est primordial d’avoir une bonne ambiance dans la sphère familiale. Cela permet à vos enfants de se sentir en confiance lorsqu’elles et ils vous parlent. Ainsi, vos enfants savent que vous les écouterez et les prendrez au sérieux en cas de besoin.

Il est également important d’opérer une supervision adéquate de l’enfant. Cela permettrait d’éviter toute exposition à des médias sexuellement explicites, et des médias violents de manière générale.

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