Dans le monde virtuel aussi, nos actes ont des conséquences…
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Qu’est-ce que la haine en ligne ?
On entend par haine en ligne le fait de nuire volontairement à une personne ou un groupe de personnes bien défini, sur les réseaux sociaux ou sur internet de manière générale. Elle peut se traduire aussi bien sous la forme de publications (ou posts) que de commentaires, ou encore de messages privés. Attention, un comportement plus passif, se traduisant par le fait de simplement liker ou partager ce type de discours, est tout aussi répréhensible que les comportements actifs cités précédemment. En effet, ces actions améliorent la visibilité et la diffusion de messages haineux.
Cette haine se fonde généralement sur une ou plusieurs caractéristiques spécifiques des personnes visées. Celles-ci peuvent porter par exemple sur leur origine, leur religion, leur identité de genre, leur orientation sexuelle, leur physique, ou simplement leurs opinions.
Les particularités du monde virtuel
Internet procure à ses utilisat·eur·rice·s un certain anonymat lors de leurs visites en ligne. Il n’est donc pas rare que certaines personnes profitent de cette opportunité pour adopter des comportements haineux en ligne, ce qu’elles ne se seraient sûrement pas permises dans la vie réelle. En effet, l’écran de nos ordinateurs ou de nos téléphones portables tendent à nous donner l’impression que le monde virtuel est totalement détaché du monde réel. Pourtant, nos actions en ligne entraînent bel et bien des conséquences dans la vie réelle.
De plus, internet offre également la possibilité d’échanger avec un très grand nombre de personnes, venant du monde entier. Il est donc fréquent d’observer des situations dans lesquelles un effet de groupe, couplé à cet anonymat (relatif), va faciliter grandement et rapidement l’installation d’un climat haineux dans le débat. Cela va ensuite favoriser une escalade de la violence menant parfois à de véritables lynchages, voire du cyberharcèlement.
Quelles en sont les conséquences ?
Bien qu’une minorité d’internautes soit à l’origine de ces comportements, on peut facilement, au vu de ces éléments, avoir l’impression que ceux-ci sont courants et même tolérés, tant leur visibilité est grande.
Pourtant, avoir un comportement haineux envers quelqu’un sur internet est aussi grave que dans la vie réelle. Il est donc important de rappeler que de tels actes ne sont pas sans conséquences, tant pour les personnes qui les subissent que pour celles qui les commettent.
Pour les victimes
La haine en ligne peut engendrer des conséquences particulièrement dévastatrices sur la santé mentale de ses victimes. Elle serait notamment liée à des syndromes de dépression et d’anxiété, surtout chez les jeunes.
En effet, les jeunes internautes sont susceptibles d’être davantage impacté·e·s par ces violences que leurs pairs plus âgé·e·s. Les jeunes investissent généralement une part importante de leur identité, encore en construction, au travers de leurs profils sur les réseaux sociaux. De plus, elles et ils sont également à la recherche d’un sentiment d’appartenance à un ou différents groupe·s de personnes. La haine en ligne peut donc avoir de fortes répercussions sur leur bien-être et leur estime de soi.
Pour les auteur·e·s
D’un point de vue législatif, la plupart des comportements haineux en ligne sont répréhensibles par le Code pénal suisse (CP). Cela est d’ailleurs valable pour tout type de violences verbales. Tout d’abord, le fait de lancer des rumeurs peut constituer un délit contre l’honneur tel que la diffamation (art. 173 CP) ou la calomnie (art. 174 CP). L’injure peut également être réprimée par le droit suisse (art. 177 CP). Certains comportements en ligne sont susceptibles quant à eux de constituer des délits contre la liberté, comme les menaces (art. 180 CP) et la contrainte (art. 181 CP). Enfin, d’autres comportements peuvent également tomber sous le coup de l’utilisation abusive d’une installation de télécommunication (art. 179 septies CP).
De plus, si ces actes ont un but d’incitation à la haine ou de discrimination, alors ils sont réprimés par l’art. 261bis CP. Celui-ci vise à punir davantage les atteintes subies par une personne en raison de son appartenance raciale, ethnique ou religieuse. Depuis 2020, il vise également les violences adressées à une personne du fait de son orientation sexuelle.
Toutefois, les conséquences de la haine en ligne sur ses auteur·e·s ne sont pas seulement légales, mais aussi psychologiques. En effet, avoir un comportement haineux de manière répétée et régulière peut entraîner une radicalisation. Il s’agit d’un processus qui va pousser une personne à avoir des opinions de plus en plus extrêmes. Elle va ainsi être amenée à croire que ses actes de violence sont justifiés s’ils servent à défendre sa cause. Là aussi, les jeunes, en quête d’identité, sont les plus vulnérables.
Comment réagir ?
- Ne répondez pas aux contenus haineux. Bloquez et signalez immédiatement leur·s auteur·e·s.
- Conservez des preuves des propos incriminés. Faites notamment des captures d’écran et notez l’URL de la page ainsi que la date et l’heure de la réception du contenu.
- Après en avoir conservé une trace, supprimez ou faites supprimer les publications incriminées.
- Signalez les cas à la police.
- N’hésitez pas à chercher de l’aide auprès de vos proches ou de personnes de confiance en cas de besoin.
Comment éviter de propager la haine en ligne
- Avant de poster vos propos, assurez-vous qu’ils respectent la loi, tout comme leur destinataire.
- D’une manière générale, évitez d’écrire ou de dire quoi que ce soit de blessant sur internet.
- Soyez conscient que liker ou partager un discours répréhensible vous rend, en principe, coupable au même titre que son auteur·e.
- Ne publiez sur internet aucune information personnelle appartenant à autrui. Demandez toujours la permission aux intéressé·e·s avant de publier une photo ou une vidéo sur laquelle elles et ils figurent.
- Gardez à l’esprit que rien ne disparait vraiment d’internet et ne sous-estimez pas l’importance de votre e-réputation.